Depuis 1993, la Belgique est officiellement un État fédéral. Mais il s'agit d’un fédéralisme atypique, souvent qualifié d’asymétrique ou de complexe, en raison de la superposition de plusieurs niveaux de pouvoir, de la distinction entre régions et communautés, et de la spécificité bruxelloise. Ce système résulte des compromis successifs entre les principales forces politiques et communautaires du pays1.
La structure fédérale belge repose sur trois types d’entités dotées de compétences propres :
Chaque entité dispose de son parlement, gouvernement et budget propres2.
Contrairement à d'autres États fédéraux, les compétences en Belgique sont exclusives :
chaque niveau de pouvoir exerce ses compétences sans hiérarchie, et ne peut empiéter sur les autres.
Ce système entraîne des chevauchements de fait, mais aussi une absence d’autorité tranchante.
Cette asymétrie complique la gouvernance, en particulier à Bruxelles où six gouvernements se superposent4.
Le fédéralisme belge est un système construit progressivement, à coup de réformes négociées. Il garantit une large autonomie aux entités, mais il complexifie la prise de décision, désoriente les citoyens, et multiplie les niveaux de légitimité. Il fonctionne, mais au prix d’une instabilité potentielle permanente.
CRISP, La Belgique fédérale, Dossier n°2230, 2022. ↩
Vincent de Coorebyter, Comprendre la Belgique institutionnelle, Presses universitaires de Bruxelles, 2014. ↩
Arend Lijphart, Patterns of Democracy, Yale University Press, 2012. ↩
Dave Sinardet, « Bruxelles, la capitale ingouvernable ? », Revue Internationale de Politique Comparée, 2016. ↩
Michel Quévit, Régions et solidarité en Belgique fédérale, Éditions Labor, 2008. ↩