— Pourquoi et comment passer de l’autonomisation individuelle vantée par le marketing à un véritable pouvoir d’agir collectif, capable de bousculer l’hégémonie capitaliste ?
Le mot empowerment naît dans les années 1960‑70 au cœur des luttes féministes, afro‑américaines et communautaires : il s’agit alors de combiner conscience critique personnelle et action solidaire pour transformer la société . Mais, très vite, deux visions s’opposent :
Vision | Objectif | Risque |
---|---|---|
Émancipatrice | Développer un « pouvoir de » et un « pouvoir avec », pour changer les rapports sociaux | Répression, cooptation |
Néolibérale | Faire de chacun un « entrepreneur de soi‑même » performant | Aliénation, culpabilité individuelle (Ehrenberg) |
Michel Foucault décrivait déjà cette injonction à l’autonomie comme un nouvel instrument de pouvoir : on s’auto‑discipline pour rester rentable .
Résultat : un « moi empoweré »… fonctionnel au capitalisme, pas subversif.
# | Où ? | Pouvoir |
---|---|---|
ZAD de NDDL (France) | Apprendre à construire, cultiver, se défendre | Zone libérée qui a bloqué un projet d’aéroport |
Communautés zapatistes (Chiapas, Mexique) | Dignité retrouvée, éducation autogérée | Municipalités autonomes depuis 1994 |
Plateformes coopératives (CoopCycle, Smart) | Maîtrise de ses données, de son revenu | Gouvernance démocratique, entraide juridique |
Mouvements féministes #MeToo / Ni Una Menos | Prise de parole, fin de la honte | Mobilisations transnationales & réformes légales |
Tous montrent qu’aucun empowerment durable n’existe sans structure collective.
Un pouvoir d’agir vraiment émancipateur naît quand nos autonomies personnelles se mettent en commun. L’enjeu n’est pas de devenir de meilleurs soldats du marché, mais de réécrire les règles du jeu : partager la valeur, décider ensemble, ralentir pour vivre mieux et juste.