Éducation civique et transmission des valeurs démocratiques

La manière dont un État démocratique transmet ses fondements aux jeunes générations reflète sa volonté de les inscrire dans une citoyenneté active, critique et consciente. L’école joue un rôle clé dans ce processus. En Belgique, cette fonction n’a cessé d’évoluer, à travers réformes, débats et expérimentations pédagogiques.

Des décennies de tâtonnements

Années 1980–1990 : dualité morale/religion

Pendant longtemps, l’enseignement moral ou religieux constituait l’unique socle de formation éthique dans les écoles. La place de la citoyenneté y était souvent indirecte, implicite, voire absente. Cette dualité (cours de morale / cours de religion) reflétait encore fortement l’héritage pilierisé du système scolaire belge¹.

Années 2000 : émergence d’un besoin de refondation

Avec les attentats du 11 septembre, la montée des populismes et la défiance envers les institutions, les questions de valeurs communes, de dialogue interculturel et de tolérance deviennent de plus en plus pressantes. Le système éducatif commence à se réinterroger sur la faiblesse de sa dimension civique explicite².

Années 2010 : introduction du cours de CPC

En Fédération Wallonie-Bruxelles, une réforme majeure est introduite à la rentrée 2016 avec la mise en place du cours de philosophie et de citoyenneté (CPC). Ce cours vise à développer l’esprit critique, la connaissance des institutions et les capacités de débat argumenté.

Cette introduction s’est heurtée à des résistances tant du côté des partisans du modèle ancien que de certains réseaux d’enseignement³. Le CPC n’est obligatoire qu’une heure par semaine, et parfois mal intégré aux autres matières. En Flandre, un cours similaire n’a pas été généralisé.

Années 2020 : bilan et perspectives

Les évaluations disponibles montrent un impact positif mais encore limité du CPC. Les enseignants sont souvent mal formés, isolés ou surchargés, et la citoyenneté reste parfois cantonnée à des « temps morts » dans la scolarité. Plusieurs rapports plaident pour une intégration plus transversale des valeurs démocratiques dans l’ensemble du curriculum, et non via un seul cours⁴.

Apports de l’éducation civique

Freins persistants

• Faible temps horaire alloué au CPC ou à l’éducation citoyenne.
• Formation inégale des enseignants entre réseaux et niveaux.
• Déconnexion entre enseignement et réalité politique belge, souvent jugée trop complexe pour les jeunes publics.
• Absence d’approche fédérale cohérente entre Communautés.

Notes

Pour aller plus loin

• Observatoire de l’Enseignement, Rapport sur la citoyenneté (2021)
• CPC.be, portail officiel du cours de philosophie et de citoyenneté : www.cpc.be
• EDUDEM, Centre de ressources pédagogiques en éducation démocratique